Les trois quarts des français veulent sanctionner Israël


Malgré une propagande totalitaire des médias et un soutien «inconditionnel» du gouvernement, le soutien à Israël est ultra-minoritaire en France


Malgré une propagande totalitaire des médias et un soutien «inconditionnel» du gouvernement, le soutien à Israël est ultra-minoritaire en France

Trois français sur quatre veulent des sanctions contre Israël pour faire cesser le génocide à Gaza. C’est le résultat d’un sondage Odoxa. Quoiqu’on pense des sondages, et ils faut toujours les lire avec un regard critique, une tendance aussi massive et claire donne un aperçu de l’opinion générale. L’existence même de ce sondage montre d’ailleurs que le vent tourne en France : depuis octobre 2023, les instituts de sondage aux ordres des milliardaires s’étaient bien gardés de mesurer l’état de l’opinion à propos de la Palestine. À entendre les médias et la classe politique, jusqu’ici, tout le monde ou presque soutenait Israël.

En réalité, la petite caste qui monopolise le pouvoir et le temps d’antenne est très minoritaire. 74% des personnes interrogées soutiennent donc des sanctions contre Israël «en cas de poursuite de l’offensive contre Gaza». 63% des sondés se disent également favorables à une reconnaissance de l’État de Palestine. 75% des sondés soutiennent l’arrêt de la livraison d’armes à Israël et 62% jugent nécessaire de suspendre l’accord d’association commercial entre l’Union Européenne et Israël. Un embargo sur les produits israéliens est une bonne solution pour 58% des sondés.

Le plus étonnant est que cette tendance est partagée au-delà des clivages. Même chez LR et au RN, partis fanatiquement pro-Israël, une large majorité des sondés sont favorables aux sanctions.

Ce résultat est d’autant plus surprenant qu’une propagande proprement totalitaire est mise en place depuis un an et demi. Nous avons assisté à l’une des plus grandes campagnes de désinformation de l’histoire. «40 bébés israéliens décapités» répétés en boucle sur la base d’un mensonge de l’extrême droite israélienne. Des mensonges en flux continu et un discours unilatéral pour Israël. Des sanctions contre les rares journalistes qui ont osé posé de vraies questions à l’état major israélien. France Info qui parle du «chiffre d’affaire en baisse» des discothèques de Tel Aviv le soir du Réveillon 2024, alors que Gaza est sous les bombes. Mais surtout, une invisibilisation totale des vies palestiniennes : pendant des mois et des mois, les dizaines de milliers d’habitants de Gaza assassinés par Israël n’ont eu aucune existence dans les médias français.

En février 2024, le média «Arrêt sur images» révélait un chiffre accablant. Son équipe avait analysé les JT de 13h et de 20h de TF1 et de France 2, les plus regardés de France. Sur 46 JT et 29 heures d’antenne, le sort des habitant-es de Gaza n’avait été évoqué… que 5 minutes ! Sur BFM ou Cnews, c’est directement l’armée israélienne qui s’exprimait quotidiennement sans aucune contradiction et déployait ses mensonges visant à justifier le bombardement d’hôpitaux ou d’écoles.

L’ensemble des médias de masse, publics comme privés, est complice de cette campagne. Aucun historien, aucun humanitaire, aucun spécialiste géopolitique et évidemment aucun palestinien n’ont été invités sur les grandes chaînes à s’exprimer pendant de longs mois. Qui savait, en regardant la télévision, que le nettoyage ethnique des palestiniens par Israël a commencé en 1948, il y a presque 80 ans ? Qui savait qu’Israël était dirigé par des fascistes messianiques ? Qui a entendu parler des décennies d’apartheid, de massacres, d’humiliations ? Personne, en dehors des connaisseurs et des militants engagés sur cette question. Selon les médias français, tout aurait commencé le 7 octobre. Jamais une occultation aussi totale des faits et de l’histoire n’avait été organisée, privant la population de connaissances essentielles pour comprendre les enjeux.

Enfin, les rares voix qui s’élevaient pour la Palestine ont été censurées, diffamées, réprimées. Non seulement les mobilisations dans la rue ont été interdites et écrasées, mais le seul grand parti qui tentait de dénoncer le massacre dans les médias a été traité d’antisémite et de terroriste, calomnié sans relâche depuis un an et demi, y compris par le reste de la gauche. Des torrents d’insultes atroces, d’inventions scabreuses et de menaces physiques ont été lancées à l’antenne contre les soutiens de la Palestine, dans une impunité totale.

Maintenant qu’il est trop tard, que Gaza est en ruines et que la déportation des survivant est à l’ordre du jour, maintenant que Netanyahou sème la guerre dans tout le Proche-Orient et veut annexer la Cisjordanie, les opportunistes se réveillent. Les «soutiens inconditionnels» d’hier veulent être du bon côté de l’histoire.

Le 13 mai, Macron qualifiait «d’inacceptable» l’action du gouvernement de Netanyahou. Le 19 mai, une déclaration conjointe de la France, du Royaume-Uni et du Canada demandait à Israël «d’arrêter ses opérations militaires à Gaza». Ce lundi, Olivier Faure du PS, Marine Tondelier d’EELV et Fabien Roussel du PCF se réunissaient pour dénoncer le «génocide» à Gaza. Les mêmes qui hurlaient avec la meute contre la France Insoumise il y a encore quelques semaines, pour avoir dit la même chose qu’eux, avec un peu d’avance. Les mêmes qui applaudissaient le «soutien inconditionnel» macroniste. Les mêmes, en ce qui concerne le PS, qui appelaient à «interdire» les manifestations pour la Palestine, comme Darmanin.

Il est trop tard pour les dizaines voire centaines de milliers de palestiniens tués. Il est trop tard pour Gaza qui est rasée. Il est trop tard pour la «solution à deux États» brandie par la gauche molle, puisque le territoire palestinien est anéanti et émietté : seul un État multiconfessionnel et égalitaire est encore envisageable. En revanche, il n’est pas trop tard pour arrêter toute fourniture d’armes à Israël, pour sanctionner économiquement l’État génocidaire, pour arrêter Netanyahou, pour juger les acteurs et complices du génocide ici, en France, notamment les soldats franco-israéliens et les chaînes qui ont justifié des crimes contre l’humanité. Il n’est pas trop tard pour envoyer une force d’interposition armée à Gaza et en Cisjordanie, avec ordre de riposter à l’armée génocidaire si elle s’avise de tirer encore un coup de feu.

Le 21 juin prochain, des stands d’armes israéliennes seront présents à Paris, au Salon du Bourget, dans le cadre d’un immense événement de l’industrie aérospatiale. Il n’est pas trop tard pour empêcher ce salon de la honte. L’écrasante majorité de la population, toutes tendances confondues, l’exige.

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