Torture à «Alligator Alcatraz», déportation d’opposants politiques, remise en cause du droit de vote des femmes, envoi de la garde nationale à Washington : des nouvelles de «la plus grande démocratie du monde» et plus grande puissance économique et militaire de la planète.

Ceux qui écrivent l’Histoire nous ont présenté les États-Unis comme la pointe avancée de la civilisation occidentale, imposant son impérialisme par le fer et le sang sous couvert de «répandre» la démocratie. Des sauveurs qui ont combattu les vilains nazis, les dangereux communistes et les méchants islamistes. Depuis longtemps la fable ne tient plus, et seule l’internationale du fascisme et du capital fantasme encore sur ce modèle. Petit tour d’horizon des dernières nouvelles réjouissantes des États-Unis.
Dystopie raciste et répression tous azimut
Depuis le début de son second mandat, le président des USA multiplie les décrets racistes et répressifs. Certains de ces textes s’inspirent directement d’une mesure de 1942 du président Roosevelt, un décret ayant permis l’internement de près de 120.000 Japonais-es pendant la Seconde guerre mondiale.
Trump affirmait notamment la nécessité de protéger le pays de tout «renversement ou remplacement de la culture sur laquelle repose [la] République constitutionnelle», faisant ici directement écho à la théorie complotiste et raciste du grand remplacement, ainsi que contre tout ennemi considéré comme un «terroriste étranger».
Expulsion des opposant-es né-es aux USA
Il a également évoqué le fait que l’une des cibles principales seraient «les communistes, les socialistes et les marxistes». Toute ressemblance avec l’Allemagne nazie ou l’épisode Maccarthyste n’est pas fortuite.
Quel projet pour ces indésirables ? La déportation pure et simple. «Nous avons aussi beaucoup de personnes mal intentionnées qui sont ici depuis longtemps… beaucoup d’entre elles sont nées dans notre pays. Je pense que nous devrions les faire sortir d’ici aussi, si vous voulez connaître la vérité. Alors peut-être que ce sera la prochaine étape.» La répression de toute forme d’opposition, sous peine de déportation voilà l’un des critères d’un régime fasciste.
Des alligators contre les exilé-es
Alligator Alcatraz, c’est le doux nom donné au centre de rétention des personnes considérées comme migrantes illégales. Situé dans les Everglades, des marais infestés d’alligators, elle peut enfermer jusqu’à 3000 personnes dans des conditions qui s’apparentent à de la torture pure et simple, dans des cages fermées par des grilles.
L’AFP a pu joindre l’un des détenus, Luis Gonzales, qui expliquait n’avoir pas vu «la lumière du soleil depuis 14 jours. Même un animal ne serait pas traité ainsi. C’est de la torture». Il avait été enchaîné toute une journée dans un bus avec d’autres personnes lors de son transfert. Une cellule pour 30 personnes, sans hygiène, avec seulement 3 toilettes, et une infestation de moustiques.
Interrogé sur le fait qu’une personne cherchant à s’échapper n’aurait d’autre issue que de se faire dévorer par un alligator, le président Trump déclarait : «Je suppose que c’est le concept. Les serpents sont rapides, mais les alligators… on va leur apprendre à fuir. Ne courez pas en ligne droite, courez *en agitant la main* comme ça.» Déshumanisation totale des personnes migrantes, dont l’un d’entre eux, Jaime Alanis, est mort lors d’une rafle de la police de l’immigration en juillet.
Une appli pour dénoncer les étrangers
Enrique Tarrio est un ancien leader des Proud Boys, ce groupuscule d’extrême droite masculiniste, qui a participé à l’assaut contre le Capitole en 2021. Condamné à 22 ans de prison, il a été gracié par Donald Trump au début de l’année 2025. Cet homme veut transformer la chasse aux étrangers en loisir numérique lucratif : il a créé une application qui récompense les utilisateurs pour dénoncer des personnes sans papiers.
Le nom de cette innovation : ICERAID, reprenant le nom de l’ICE, la police spéciale anti-migrants. Une application qui utilise l’intelligence artificielle pour analyser les photographies et les données téléchargées par les utilisateurs. Les délations qui conduisent à des arrestations sont récompensées par une monnaie numérique appelée $RAID.
Un concours d’immigrés en mode télé-réalité
On apprenait en mai dernier le projet fou d’une émission de télé-réalité, actuellement à l’étude par le gouvernement de Donald Trump. Son concept : faire concourir des immigré-es légalement présent-es aux États-Unis pour obtenir la citoyenneté américaine.
Le format, encore en attente de validation, a été proposé aux autorités et attend une réponse officielle. Chaque épisode durerait une heure, et un-e participant-e serait éliminé-e à chaque fois. L’émission commencerait à Ellis Island, l’île par laquelle arrivait chaque personne migrant aux Etats-Unis jusqu’en 1954. «Ce n’est pas un Hunger Games pour immigrés» assurait le producteur. Pourtant, cela y ressemble fort.
Remise en cause du droit de vote des femmes
Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense américain est un vétéran de la Garde nationale du Minnesota, un animateur de la chaîne d’extrême droite Fox News, et adhère à une mouvance religieuse sectaire nommée Reconstructionnisme réformé, qui prône l’application de la loi chrétienne biblique à la société, un monde exclusivement dirigé par les hommes et une préparation au retour de Jésus.
Le vendredi 8 août dernier, ce charmant personnage a republié sur son compte X une vidéo de pasteurs ultra conservateurs comportant ces propos : «Je suis partisan de la suppression du 19e amendement de la Constitution, car je pense que le système actuel n’est pas bon pour les humains». Ce sont les mots de Jared Longshore. Le 19e amendement n’est autre que le droit de vote garanti pour toutes et tous, quel que soit son genre.
Le commentaire de celui qui dirige la première armée mondiale est également éloquent : «Tout le Christ, pour toute la vie». Le reportage de CNN republié suit les pasteurs de la Communion des Églises évangéliques réformées (Crec) de Doug Wilson, un nationaliste chrétien. Il y est également expliqué comment les femmes devraient être écartées des postes à responsabilité dans l’armée.
Depuis son 2ème mandat et son alliance avec la droite ultra conservatrice chrétienne, l’administration Trump multiplie les efforts de promotion du nationalisme chrétien, comme l’explique un article du Guardian du 9 août. Trump avait notamment créé un bureau de la foi après son élection alors que le 1er amendement proclame justement la séparation de l’État et de la religion. Un habitant des États-Unis sur cinq se définit en effet comme évangéliste : une base électorale obscurantiste et essentielle pour Donald Trump.
Déploiement de la Garde nationale à Washington
Lundi 11 août, la garde nationale a été déployée à Washington, capitale du pays. Donald Trump a utilisé un mensonge éhonté pour justifier cet envoi : la soi-disant envolée de criminalité dans la ville, parlant «d’urgence tragique» et de «totale anarchie» alors que cette dernière n’a fait que baisser depuis 2023, comme l’explique la maire démocrate de la ville, Muriel Bowser.
Le Washington Post expliquait en outre le 17 août que les gouverneurs des États républicains allaient envoyer leurs propres troupes dans la ville, et que ces troupes allaient potentiellement être armées. Cet envoi pourrait doubler le nombre de troupes dans la capitale des USA. Plus de 300 arrestations ont d’ors et déjà été comptabilisées lors des manifestations de ce week-end. Une manière de militariser la métropole qui comporte les lieux de pouvoir, et ainsi de la mettre sous contrôle.
Destruction de millions de contraceptifs
Fin juillet, on apprenait que Donald Trump avait ordonné la destruction de millions de contraceptifs financés par USAID, l’agence américaine d’aide au développement, désormais démantelée par son administration. Stockés en Belgique, ces contraceptifs pourraient être incinérés en France si le gouvernement donne son accord.
Donald Trump continue sa croisade contre les femmes. Dès son élection, il avait pris une série de mesures pour limiter le droit à l’avortement, déjà fortement remis en cause depuis 2022 et l’annulation de l’arrêt fédéral Roe vs Wade. Il avait notamment supprimé les subventions publiques aux organisations qui défendent, conseillent ou pratiquent des avortements à l’étranger et gracié des militants anti-avortement.
Avec la destruction de ces contraceptifs, qui devaient être envoyés un peu partout dans le monde, ce sont des millions de femmes qui vont être impactées.
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