C’est l’Auberge des Migrants, une association d’entraide à l’égard des personnes en exil sur le littoral du Nord de la France, qui a remis un coup de projecteur sur cette affaire, dans une récente publication sur Instagram.

Depuis plusieurs mois, l’association basée à Calais alerte les autorités françaises sur la présence de milices paramilitaires britanniques sur les côtes du Nord de la France, qui traquent et harcèlent les exilés qui vivent à la rue.
Parmi les miliciens, des membres de Raise the Colours – «Hissez les couleurs» en français – un mouvement nationaliste et identitaire né en Angleterre il y a quelques mois. Ils sont connus de l’autre côté de la Manche pour avoir organisé et participé a des manifestations anti-migrants, et pour avoir truffé les rues de drapeaux anglais. Le mouvement s’est constitué sur la peur d’un effacement d’une identité nationale britannique fantasmée. Sur le modèle de l’extrême-droite française qui parlerait de la théorie raciste de Renaud Camus, le grand remplacement. La campagne « Raise the Colours » a été soutenue par plusieurs personnalités et organisations d’extrême droite comme le parti politique fasciste Britain First ou le militant anti-islam Tommy Robinson.
Le 29 novembre dernier, le leader du mouvement d’extrême-droite Raise the Colours, annonçait le lancement de «l’operation overlord», en référence au débarquement allié en Normandie. Les fascistes se présentent comme une «force civile de contrôle des frontières» et indiquent qu’il s’agit de leur plus grande opération en France. C’est littéralement la définition d’une milice.
Le 7 novembre dernier, ces fascistes arrêtaient et détruisaient un canot qui s’apprêtait à prendre la mer depuis la Normandie, une action mise en scène et revendiquée dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. L’embarcation était remplie de plusieurs dizaines de personnes qui tentaient de rejoindre l’Angleterre, ce qui constitue une mise en danger d’autrui.
Le mouvement appelle ses militants à s’équiper de gilets pare-lames, de caméras thermiques, de drones et de radios cryptées, en d’autres termes du matériel militaire pour «chasser les migrants», comme ils le revendiquent publiquement sur les plateformes. Des racistes viennent d’Angleterre, traversent la Manche en Ferry pour s’attaquer aux sans-papiers sur le sols français, et que font les autorités françaises ? Absolument rien. Elles laissent faire, voire travaillent main dans la main avec les nervis fascistes d’outre-manche.
En effet, l’auberge des Migrants a constaté que la milice raciste a pu, en toute impunité le 6 décembre 2025, harceler et traquer les exilés pendant plusieurs heures le long des côtes, et le tout sous l’œil bienveillant de la police française.
L’association raconte que plusieurs agents de police français ont observé les leaders d’extrême-droite britanniques malmener et insulter plusieurs exilés. Ils ont pu tenir des propos injurieux, racistes et xénophobes alors que les fascistes venaient d’être contrôlés cordialement par ces mêmes policiers quelques minutes plus tôt.
L’alliance objective entre les policiers et les fascistes n’est plus à démontrer. En juillet 2025, sur une plage de Boulogne-sur-Mer, la gendarmerie lacérait un canot avec une trentaine d’exilés à son bord, sous les caméras de médias britanniques. On se souvient aussi de nombreuses images de lacérations des tentes et des cuves d’eau potable à Calais ou Grande-Synthe par les forces de l’ordre lors d’expulsions des campements de migrants.
Ces «opérations» illégales se multiplient partout en Europe, et elles compliquent la vie de milliers de personnes poussées sur les routes de l’exil et qui vivent déjà dans des conditions matérielles extrêmement précaires. Alors qu’elles doivent déjà faire face à la répression brutale des autorités et aux lois racistes des États européens, elles subissent aussi la violence de groupes paramilitaires organisés aux idéologies nauséabondes qui pullulent au sein de l’UE.
En France, au printemps 2017, le groupuscule néofasciste Génération Identitaire lançait une levée de fonds pour affréter un navire en Méditerranée afin de rendre plus dangereuse encore la traversée des réfugiés, perturber les secours et couler les canots d’exilés.
En 2018, ce groupuscule avait bloqué le Col de l’Échelle, dans les Alpes, pour «veiller à ce qu’aucun clandestin ne puisse rentrer en France». À l’époque, de très gros moyens étaient déployés : deux hélicoptères, des pick-ups, une banderole gigantesque et même un «petit avion».
En janvier 2021, Génération Identitaire se rendait à la frontière franco-espagnole, au Col du Portillon dans les Pyrénées. Son but : une action de type milice. Bloquer la frontière pour faire de la propagande contre les migrants, en ciblant principalement les «afro-maghrébins susceptibles selon eux de pénétrer en France par cette route» lisait-on dans la presse.
À chaque fois, les mêmes méthodes, les nervis fascistes en bons supplétifs des régimes autoritaires et racistes. Et, par un étonnant hasard de circonstance, le patron de Frontex, l’agence européenne chargée de «sécuriser» les frontières, se nommait Fabrice Leggeri, et il est aujourd’hui haut placé au Rassemblement National.
Il faut savoir que toutes ces opérations coûtent énormément d’argent et que les bourgeoisies ensauvagées européennes les financent, en faisant de gracieux dons aux groupuscules identitaires. Face à l’inaction des autorités qui laissent faire, il ne reste plus qu’une seule solution : l’autodéfense populaire et internationaliste.
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