En France : les manifestations pour la Palestine accusées d’antisémitisme, le néo-nazisme dans la police impuni
Cet événement sidérant a eu lieu le 2 octobre, dans l’école de police d’Oissel en Normandie. Ce jour là, la LICRA – Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme – organise devant les élèves policiers une formation sur les «différentes discriminations et notamment l’antisémitisme». L’intervenante de l’organisation croise un futur policier qui arbore le livre Mein Kampf, le manifeste d’Adolf Hitler. Elle interroge le jeune homme, qui confirme bien qu’il s’agit du livre fondateur du nazisme. L’élève policier ira ensuite assister au premier rang à la formation.
Provocation ? Cela ne fait guère de doute. La LICRA signale l’incident à la direction de l’école de police. Le média Street Press a enquêté sur les suites qui ont été données. Le service d’information et de communication de la police nationale affirme qu’une «enquête interne» a été déclenchée, mais que «celle-ci a révélé qu’il n’y avait aucune forme de prosélytisme de la part de l’élève, ni dans son comportement, ni dans ses propos, ni même sur ses réseaux sociaux» et la direction de la police estime que la version du lecteur de Mein Kampf est «crédible et convergente», qu’il s’agit d’un «passionné d’histoire» qui a commis une «maladresse». Bien sûr.
Un témoin signale à Street Press : «Ils n’ont pas dû mener une enquête très poussée, parce qu’il a une bonne réputation de facho». Pire, quelques semaines plus tard l’élève qui a validé sa formation reçoit les honneurs : le 17 novembre, le sous-préfet lui remet son diplôme de police avec la carte du «meilleur élève» ! Une photo de cette remise de prix a même été publiée par l’école de police avec les mots clés #fierté et #honneur.
L’imprégnation fasciste au sein de la police n’est pas un mystère. En 2014, «l’inspection technique de la direction centrale des CRS» avait découvert, lors d’une visite à une compagnie, l’insigne de la SS sur le casque d’un agent. Dans cette compagnie, une policière d’origine maghrébine avait subi du harcèlement raciste et sexiste, et rapporté des propos «gravement antisémites». Pourtant, le CRS néo-nazi avait été promu en 2020 brigadier-chef par un arrêté signé par le chef de la police nationale, Frédéric Veaux. À l’inverse, les agents qui avaient dénoncé les agissements du CRS fan de SS ont été persécutés et mis à l’écart.
En mai 2023, Libération rapportait le cas d’un policier de la BRAV, Jordan, adepte du nazisme, cocaïnomane, qui avait battu sa femme et posait avec des armes de guerre en-dehors de son service. Des groupes Facebook et Telegram réunissant des milliers de policiers ont également été découverts en 2020 : ils étaient truffés de messages racistes, antisémites et d’appels à la violence, sans qu’aucune sanction ne soit envisagée.
Dimanche 26 novembre, l’un des militants d’extrême droite ayant tenté d’attaquer le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère rapportait avoir été aidé par la Brigade Anti Criminalité, dans une vidéo diffusée en ligne. De même, lors de la révolte suite à la mort de Nahel en juillet dernier, des militants d’extrême droite avaient aidé la police, notamment à Lorient.
La profession policière vote très majoritairement à l’extrême droite depuis de longues années. Les refrains sur le risque futur d’une «menace fasciste» sont dépassés. Nous y sommes : les corps armés de l’État français, à qui le gouvernement donne tous les droits, sont imbibés d’idées et de pratiques d’extrême droite.
Pendant qu’un élève policier arbore le livre d’Hitler sans recevoir la moindre sanction et que des agents revendiquent leur nazisme, les médias accusent les manifestations pro-palestiniennes et la gauche d’être antisémites et les musulmans sont accusés d’être responsables des actes anti-juifs. Époque de fou.
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