Puisqu’on vous dit que les violences policières n’existent pas !
Vous vous souvenez du premier film de Mehdi Fikri, “Avant que les flammes ne s’éteignent” ? On en avait fait la critique ici, pour dire que l’équipe de Contre Attaque l’avait adoré. Problème : il ne satisfait pas vraiment aux exigences de l’extrême droite qui soutient sa police.
Dès le 30 octobre, le compte Twitter @destinationcine, clairement marqué à droite, dénonce le film avant même sa sortie pour avoir touché des subventions publiques. La production d’une œuvre cinématographique coûte extrêmement cher, et le moindre court métrage touche des subventions. Pourtant, sur ce compte qui dénonce le statut confortable des intermittents et épingle la moindre personne du cinéma qui apporte son soutien au peuple palestinien, seules les subventions à des films “de gauche” sont dénoncées, avec un arrière-goût de complotisme anti-élite aussi dégueulasse qu’un discours de Marine Le Pen.
La sauce prend immédiatement : le tweet est vu plusieurs centaines de milliers de fois, relayé massivement par la fachosphère. Le discours est systématiquement le même : le film de Mehdi Fikri est “anti-flics”, il soutient les racailles comme Adama Traoré (mort au commissariat de Beaumont-sur-Oise en juillet 2016). La polémique sur les propos de Camélia Jordana, héroïne du film qui avait déclaré en 2020 «Je ne me sens pas en sécurité face à un flic» est aussi réutilisée pour traîner le casting dans la boue.
Derrière le florilège d’insultes racistes et sexistes, l’intention est claire : il ne faut pas aller voir ce film subventionné par de l’argent public alors qu’il ne respecte pas “la France”. Comme si les violences policières ne concernaient pas “les français” : un bon moyen de consolidé l’image raciste de l’ennemi intérieur qui peuple les quartiers populaires.
À Contre Attaque, on a aimé le film au moins autant qu’on déteste la police et sa violence. Pour un premier long métrage, Mehdi Fikri montre autant sa maîtrise de la réalisation cinématographique et de son sujet. Le casting est top, et les questions soulevées sont essentielles. On vous conseille donc vivement d’aller voir le film, sauf si vous vous appelez Gérald Darmanin, qui pourrait bien s’étouffer devant.
Une réflexion au sujet de « Comment la fachosphère sabote l’un des rares films sur les violences policières »