Sur BFM : le fascisme tous les jours et à visage masqué


Lorsque des historiens feront l’histoire de la montée du fascisme en France au 21ème siècle, ils parleront du rôle gigantesque des médias, et en particulier des chaînes d’information continue possédées par une poignée de milliardaires.


Le 18 décembre, toute la journée, ces chaînes ont mis en avant un drame : une jeune femme, Claire, violée à Paris par un étranger visé par une Obligation de Quitter le Territoire. C’est un acte terrible, mais il est impossible de ne pas voir dans ce choix éditorial un lien avec le projet de loi immigration du gouvernement, portée au même moment par Gérald Darmanin, qui répète que sa loi permettra d’expulser plus facilement.

En France, chaque année, 94.000 femmes seraient victimes de violences sexuelles par an, et près de la moitié est perpétrée par un conjoint ou ex-conjoint, et une grande partie au sein de a famille ou du cercle proche.

Ce sont souvent les mêmes médias qui ont donné la parole à Gérard Depardieu, Patrick Poivre d’Arvor ou Roman Polanski pour se défendre, les mêmes qui dénoncent #Metoo et le «wokisme» à longueur d’antenne et qui, d’un seul coup, montent au créneau sur cette affaire précise. L’opportunisme raciste dans sa forme chimiquement pure.

La victime, Claire, dit d’ailleurs vouloir «s’engager en politique» et a tourné une vidéo avec Eric Zemmour, lui-même accusé d’agressions sexuelles par plusieurs femmes.

Venons-en au traitement par la chaine BFM TV : en direct, lundi soir, la chaîne invitait tout simplement une militante néo-fasciste : Thaïs d’Escufon.

Elle a milité au sein de l’Action Française, groupuscule royaliste et pétainiste, avant d’être porte-parole de Génération Identitaire, groupe fasciste aujourd’hui dissout. Elle a été condamnée pour «provocation à la haine raciale», affirme défendre la «race blanche» contre «le péril mortel» du «grand remplacement» et appelle à la «reconquête». Elle n’a aucun mandat politique, ne représente rien en-dehors de son racisme.

Thaïs d’Escufon est aussi une youtubeuse violemment anti-féministe, qui produit des vidéos masculinistes, dénigrant les femmes, défendant des agresseurs, donnant des «conseils» aux hommes célibataires pour manipuler les femmes et obtenir une compagne «traditionnelle» et soumise… Thaïs d’Escufon a milité aux côtés d’un cadre de Génération Identitaire, Adrien Ragot, qui est accusé de viol par une étudiante et de tentative de meurtre contre un jeune lyonnais.

Voilà qui BFM choisit d’inviter pour parler du droit des femmes : une militante de l’extrême droite la plus radicale.

Ce soir-là, elle déclare à l’antenne : «Le principal danger pour les femmes en France sont les hommes immigrés, africains, noirs et arabes». Un propos purement raciste en heure de grande écoute.

Encore plus grave, elle est présentée comme «influenceuse», sans aucune mention de son engagement politique au sein d’un groupe d’extrême droite dissout.

Non contente d’offrir une tribune aux idées fascistes, BFM choisit de les déguiser, de mentir délibérément au public.

La chaîne avait déjà procédé ainsi en invitant régulièrement Julien Bahloul, porte-parole de l’armée israélienne, qui justifiait les pires horreurs commises contre les palestiniens et propageant les mensonges de Tsahal, mais en le présentant comme simple «spécialistes de la société israélienne».

C’est la même chaîne qui a invité Marion Maréchal – sans aucun mandat non plus – pour parler de «francocide» plusieurs jours d’affilée à propos de Crépol, ou encore l’auteur d’extrême droite radicale Laurent Obertone pour parler d’insécurité, entre autres.

Avant cela, c’est toujours cette chaîne qui a traîné dans la boue méthodiquement les dernières forces de gauche qui existent en France en les accusant d’antisémitisme, de complicité de terrorisme et autres joyeusetés. Des propagandistes néo-nazis sont propulsés par BFM dans des millions de foyers pendant qu’un mouvement de gauche représentant 22% des voix est diffamé sans pouvoir répondre.

Ne parlons même pas de la gauche radicale et révolutionnaire, qui elle n’a jamais la parole de toute façon, et qui est systématiquement qualifiée avec des superlatifs effrayants comme «ultra-gauche» ou casseurs, et certainement pas «influenceurs».


Entre la lutte sociale et l’extrême droite, la bourgeoisie a choisi son camp. Patrick Drahi a opté pour le fascisme, et il y met tous ses moyens.


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