Au Sénégal : une répression sanglante avec des armes françaises


Au Sénégal, un soulèvement est en cours contre le président autoritaire Macky Sall qui a décidé de «reporter» les élections prévues le 25 février. Depuis plusieurs jours, la police et l’armée du Sénégal répriment très violemment les manifestations.


Des centaines de personnes ont été arrêtées, plusieurs ont été blessées par balles et au moins trois manifestants tués. En juin dernier, Amnesty International recensait déjà la mort d’au moins vingt-trois personnes, dont 3 enfants, lors des manifestations du 1er et 2 juin 2023.

Parmi les munitions utilisées, la plupart sont fabriquées en France. Sur les images qui circulent ces derniers jours, on voit distinctement l’usage de lanceurs «cougar» utilisés pour envoyer des grenades sur les manifestants. On voit aussi des grenades manuelles jetées par les policiers. Certains témoins évoquent des jets de gaz lacrymogène dans des maisons de particulier, ou dans le siège d’une chaîne de télévision.

Ces deux outils sont connus des français : ils sont utilisés par la police et la gendarmerie et nous les voyons à chaque manifestation. Ces munitions et lanceurs sont fabriqués par l’entreprise Alsetex, dont l’usine est basée dans la Sarthe. Des grenades explosives ont aussi été utilisées, les mêmes modèles GM2L que celles qui ont mutilé à Sainte-Soline et ailleurs.

Autrement dit, des armes confectionnées dans une commune Sarthoise sont expédiées à Dakar pour écraser les contestations, pour protéger un autocrate, avec le soutien du gouvernement français. La vente d’armes françaises est un business lucratif. En février 2023, le ministre des armées Sébastien Lecornu annonçait la vente d’équipement militaire au Sénégal lors d’un passage à Dakar, dans le cadre d’une tournée africaine.

Parmi les armes utilisées pour la répression, on trouve aussi des munitions fabriquées en Corée ou en Turquie, selon le journaliste Maxime Sirvins, à partir d’images captées au Sénégal et analysées.

Pour autant, la France est l’un des premiers pays exportateurs d’armes du monde. Non seulement des armes militaires, mais aussi des armes de maintien de l’ordre. Les munitions du concepteur français du Flash-Ball ont été vendues au Portugal, en Slovaquie, au Maroc, au Sénégal ou en Indonésie. Durant la vague d’insurrections qui s’est emparée du monde arabe en 2011, les policiers du Bahreïn, un petit royaume du Golfe, ont asphyxié des dizaines de personnes en tirant des grenades lacrymogènes directement dans leurs domiciles. Des grenades de chez Alsetex.

  • En juin 2013, le peuple d’Istanbul prend la rue contre le président autoritaire Erdogan. La police turque tire systématiquement ses lacrymogènes en tirs tendus. Plusieurs manifestants sont tués, notamment Berkin, 15 ans, après avoir reçu une grenade dans la tête. Deux ans plus tôt, le ministre de l’Intérieur français avait signé avec le gouvernement turc un «accord de coopération dans le domaine de la sécurité intérieure».
  • À l’automne 2014, au Burkina Faso, une série d’émeutes chassent le chef d’État. Il y a plusieurs morts et des blessés. Les manifestants ramassent les cartouches tirées : des grenades françaises.
  • Plus récemment, au Qatar, la France a envoyé des policiers et des gendarmes pour superviser la sécurité de la coupe du Monde de cette monarchie gazière. L’expertise de la police française dans la barbarie répressive est reconnue mondialement.

Les firmes qui fabriquent les armes qui frappent nos corps font aussi du profit grâce aux commandes de régimes répressifs partout dans le monde. Et les usines qui produisent et disséminent leurs armes aux quatre coins de la planète ne le font pas seules : tout est supervisé par le sommet de l’État français, directement responsable des exactions…

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Une réflexion au sujet de « Au Sénégal : une répression sanglante avec des armes françaises »

  1. Macky Sall et son gouvernement c’est comme celui de Macron et tous les autres, ils sont juste là pour servir les riches et le système financier mondial pourrissant la planète et les peuples.

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