Les images, prises le 2 novembre, font déjà le tour du monde. On y voit Ahou Daryaei, âgée de 30 ans et étudiante en français à l’université Azad de Téhéran, marcher dans la rue dévêtue, avant d’être arrêtée et emmenée dans une voiture par la police du régime.
La jeune femme avait retiré ses vêtements en signe de protestation contre le harcèlement de miliciens iraniens. Ce geste de résistance a suscité des réactions de solidarité de la part de nombreuses femmes iraniennes. La journaliste Masih Alinejad a notamment écrit sur Twitter : «Une étudiante harcelée par la police des mœurs à cause de son hidjab ”inapproprié” n’a pas reculé. Elle a transformé son corps en manifestation».
Depuis 24h, de nombreuses informations contradictoires circulent sur le sort d’Ahou Daryaei. Il semblerait, ce dimanche 3 novembre, qu’elle ait été «internée».
Cet événement intervient 2 ans après l’assassinat de Jina Mahsa Amini par la police iranienne. Le 16 septembre 2022, cette jeune femme de 22 ans avait été battue à mort après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour avoir mal porté son voile. Ce crime avait déclenché une insurrection, avec pour slogans «Mort au Dictateur !» et «Femme, vie, liberté».
Des femmes avaient retiré leur foulard, la police avait été mise en déroute dans plusieurs villes, qui avaient échappé temporairement à l’emprise du pouvoir. La jeunesse du pays s’était soulevée et organisée de manière inédite.
Mais en quelques semaines, le régime sanguinaire avait noyé l’espoir dans le sang et tué plus de cinq cents manifestant-es dont 70 enfants, tandis que des milliers d’Iraniens et iraniennes, dont des centaines de journalistes, avocat-es, militants et militantes syndicales, écologistes, féministes et des droits humains, étaient traquées et arbitrairement arrêtées. L’ONU, avait recensé au moins 203 Iraniens condamnés à mort et pendus par le régime au début de l’année 2023.
Si le régime des Mollah est très critiqué en occident, non pas pour son caractère liberticide, réactionnaire et criminel, mais pour des raisons géopolitiques et cyniques, on parle beaucoup moins de l’Arabie Saoudite, pays allié des États-Unis, et dont le prince Mohammed ben Salmane est régulièrement invité par Macron.
Pourtant, l’Arabie Saoudite est tout aussi dangereuse pour le droit des femmes. Le cas de Manahel al Otaibi, une professeure de fitness âgée de 29 ans, en est l’exemple. En novembre 2022, elle avait été arrêtée par le régime saoudien et inculpée d’infractions liées à une «loi contre la cybercriminalité», pour avoir publié des tweets en faveur des droits des femmes et des vidéos non voilées. Elle vient d’être condamnée à 11 ans ferme, dans l’indifférence de l’occident et quasiment sans médiatisation.
L’Arabie Saoudite est le dernier pays au monde qui organise officiellement des décapitations au sabre et en place publique. Parfois les restes du supplicié sont crucifiés, «pour donner l’exemple», a déclaré le ministère de l’Intérieur de la pétromonarchie.
Le régime Saoudien est aussi celui qui a fait assassiner le journaliste d’opposition Jamal Kashoggi en 2018. Le journaliste tué aurait été «démembré» dans l’ambassade d’Arabie Saoudite par des agents du régime, sur ordre de Mohammed Ben Salmane, avant que ses restes ne soient transportés dans une valise et dissous. Cela n’a pas empêché ce pays de commercer et d’avoir d’excellentes relations diplomatiques avec le « monde libre », notamment avec Israël.
Pendant ce temps, un apartheid de genre se consolide dans l’Afghanistan des Talibans. Le ministre afghan de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice vient d’interdire aux femmes «de s’entendre». C’est-à-dire que pour une femme, même réciter le Coran à voix haute, même entre elles, est prohibé. Il y a quelques semaines, les Talibans avaient déjà rendu illégal pour les femmes de parler en public, elles se retrouvaient ainsi interdites de chanter ou lire à voix haute. C’est donc la possibilité même pour les femmes de communiquer, sous quelque forme que ce soit, qui est en train de s’éteindre dans ce pays.
Cet été, de nombreuses femmes afghanes avaient bravé l’interdit et publié des vidéos d’elles en train de chanter en public, ou en privé devant leur miroir, à visage découvert. En Iran, l’arrestation de Ahou Daryaei pourrait rallumer les braises de l’insurrection de 2022.
2 réflexions au sujet de « Iran : l’arrestation d’une étudiante par le régime réveille la colère »
et pendant ce temps, en France, les « mascus » toxiques (pléonasme) lancent le hashtag « notallmen » dès qu’ils se sentent atteints dans leur virilité…
Chapeau bas, mesdames, pour votre courage et votre dignité (bien que le courage et la dignité n’ont jamais protégé des passages à tabac dans un commissariat en Iran ou dans une prison en Arabie Saoudite, d’un conjoint taré en France, ou d’un gouvernement fasciste réactionnaire dans un nombre croissant de soi-disant démocraties occidentales…)
Les femmes sont les victimes de ceux qui défendent leur domination et leur périmètre par le facsisme et le facsisme c’est le » propre » de la bourgeoisie partout dans le monde, quelque soient les formes qu’elle y met.