Le dirigeant israélien est reçu dans un pays de l’Union Européenne dirigé par l’extrême droite. Dans une capitale où, en février dernier, des milliers de néo-nazis défilaient en uniformes SS.

C’était il y a quelques semaines seulement, en Hongrie. Des scènes terrifiantes et révoltantes filmée le 8 février à Budapest : on y voyait des hommes portant des uniformes de SS et de la Wehrmacht, des insignes d’unités ayant supervisé la Shoah, des drapeaux à croix gammées, des armes… Ces images ne provenaient pas des années 1940 ni de reconstitutions historiques : c’était une grande manifestation d’extrême droite organisée dans cette métropole européenne.

Plusieurs milliers de néo-nazis avaient manifesté dans la capitale hongroise, pays dirigé par le président Viktor Orban, dans une impunité totale. Cette manifestation intitulée «jour de l’honneur» visait à rendre hommage aux nazis en souvenir d’une bataille datant de 1945, qui avait opposé des soldats nazis et leurs collaborateurs hongrois aux soviétiques à la fin de la seconde guerre mondiale. Chaque année, l’extrême droite la plus radicale d’Europe s’y rassemble pour défiler, organiser des concerts et surtout commettre des violences, sous le regard bienveillant des autorités.
Quand des antifascistes tentent de contester cette glorification de la barbarie, la répression se déchaine. Par exemple, en 2023, des manifestants avaient affronté des néo-nazis lors de cette marche annuelle, et s’étaient retrouvés traqués par la police. Le gouvernement Orban avait émis un mandat d’arrêt européen contre eux, accusés de «terrorisme». Des enquêteurs de toute l’Union Européenne avaient mis les grands moyens pour les retrouver et les arrêter.

C’est donc à Budapest, dans ces mêmes rues, invité par un dirigeant d’extrême droite ami des néo-nazis, que Netanyahou est reçu avec un grand sourire ce jeudi 3 avril. Pour le dirigeant israélien, l’ONU, le Pape, la gauche et tous ceux qui soutiennent la Palestine sont des «antisémites», mais pas les nostalgiques d’Hitler. Après tout, Netanyahou a aussi défendu Elon Musk après son salut nazi, entre autres. Tout est inversé.
Cette visite diplomatique est surtout une violation gravissime du droit international. En effet, alors qu’il est visé par un mandat d’arrêt international pour des faites de «crime contre l’humanité» depuis l’année dernière, Netanyahou a pu fouler le sol de l’Union Européenne sans être arrêté. C’est un acte de guerre contre la Cour Pénale Internationale et contre le respect du droit.
Comment Netanyahou a-t-il pu organiser cette provocation sans être inquiété ? Car la Cour pénale internationale ne dispose pas de ses propres forces de police. Elle doit obtenir la coopération des États pour exécuter ses mandats d’arrêt. Les 124 pays qui ont ratifié son statut ont, en théorie, l’obligation de coopérer et d’appliquer le mandat d’arrêt.
En conséquence, Orban vient d’annoncer qu’il quittait la Cour Pénale Internationale, une décision saluée par Netanyahou qui l’a félicité de «tenir tête à cette organisation corrompue». Sauf que l’Union Européenne aurait pu et du réagir, soit en interpellant directement le dirigeant génocidaire – les polices européennes savent être réactives quand il s’agit d’arrêter des opposant-es recherchés par exemple – soit en imposant des sanctions extrêmement lourdes à la Hongrie. Mais l’Union Européenne n’a pas bougé, validant ainsi implicitement cette venue sur son sol. C’est un précédent extrêmement préoccupant.
Le droit international n’a donc plus cour : il a été tué par l’Occident qui a longtemps prétendu régenter le monde au nom de grandes valeurs universelles. En juillet dernier, alors qu’il était déjà visé par un mandat d’arrêt international, Netanyahou était allé se faire applaudir devant le Congrès des USA. Le 3 février 2025, il était de nouveau reçu en grande pompe à Washington : il était le premier dirigeant invité par Donald Trump après son retour au pouvoir. C’était lors de cette visite que Trump avait annoncé vouloir vider Gaza de tous ses habitants pour transformer ce territoire en complexe hôtelier.
Revenons à la Hongrie de Viktor Orban pour finir. En 2022, le dirigeant d’extrême droite avait prononcé un violent discours contre la société «multi-ethnique» en déclarant : «Nous ne voulons pas être une race mixte» qui se mélangerait avec «des non-Européens». Il avait aussi fait allusion aux chambres à gaz, à propos de la diminution de l’importation européenne de gaz : «Il existe un savoir-faire allemand dans ce domaine, comme le passé l’a montré». Des propos racistes, d’autres ironisant sur la Shoah. À l’époque, le comité international d’Auschwitz avait dénoncé «un pur texte nazi».
Viktor Orban a aussi organisé la réhabilitation de figures nazies hongroises. Le régent du royaume de Hongrie Miklós Horthy, a dirigé le pays a partir des années 1920 et a fait voter l’une des premières lois antisémites d’Europe pour limiter l’accès des Juifs à l’université. Dans les années 1930 il s’est allié aux nazis allemands et a imposé d’autres lois antisémites. Pendant la guerre, il a engagé les soldats hongrois aux côtés de la Wehrmacht sur le front soviétique. Plus de 60.000 Juifs hongrois ont été victimes de cette collaboration.
Le Fidesz, parti de Viktor Orbán, organise pourtant un culte national de l’amiral Horthy. À Budapest, sur place de la Liberté, on trouve même une statue de cette figure collaborationniste. C’est comme s’il y avait des statues de Pétain et Laval en France, que nos gouvernants les glorifiaient ouvertement, et que Netanyahou trouvait ça formidable.
Voilà les amis d’Israël : des néo-nazis, des révisionnistes et des racistes. Il y a quelques jours encore, c’était Jordan Bardella et Marion Maréchal qui étaient reçus à Jérusalem. Le Likoud est un parti fasciste, membre d’une internationale brune qui va de Trump à Orban en passant par Le Pen, et qui partage les mêmes idées colonialistes et génocidaires, le même racisme, la même violence.
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