Attentat d’extrême droite : le racisme est-il une maladie mentale ?


Les étapes d’une déresponsabilisation d’un attentat raciste


Le racisme, une maladie mentale qui permettrait de déresponsabiliser les violences ?

Vendredi 23 décembre, un retraité d’extrême droite commettait un attentat raciste dans le 10ème arrondissement de Paris. Armé d’un pistolet semi-automatique et de plusieurs chargeurs, il abattait trois personnes et en blessait d’autres devant un centre kurde et dans plusieurs commerces kurdes, avant d’être désarmé et arrêté par les clients d’un salon de coiffure.

Il était ensuite arrêté en douceur par la police. L’individu revendiquait immédiatement un acte raciste auprès des policiers. Pourtant, depuis deux jours, ni les médias, ni les autorités ne parlent d’attentat, ni de terrorisme, ni d’un acte politique.

Le tueur avait déjà essayé de tuer des exilés en criant des phrases contre les étrangers en décembre 2021, attaquant des réfugiés soudanais à coups de sabre, trois jours après le grand meeting de campagne d’Eric Zemmour. Il avait aussi été condamné pour «violences avec armes» pour des actes commis en 2016. À aucun moment auparavant la justice ne l’a considéré comme malade mental ou irresponsable de ses actes.

Mais samedi soir, sa garde à vue a été levée en 24h. Le tireur a parlé d’une «haine pathologique» des étrangers et a donc été transféré dans une unité psychiatrique. N’importe quelle personne arrêtée pour un collage ou une manifestation prend davantage de garde-à-vue avant le début d’investigations ou expertises médicales.

Le terme d’«attentat» n’est pas retenu par les enquêteurs. Le parquet antiterroriste n’est pas saisi, ce qui ne permettra pas d’investigations poussées sur d’éventuelles complicités, sur la fourniture d’armes, sur les réseaux et les idées du tireur. Le tireur est un «fou», fin de l’histoire.

La justice n’agit pas toujours ainsi. L’auteur de l’attentat de Nice en 2016 déféquait et urinait sur le sol de son appartement, avait des troubles psychiatriques, était alcoolique, très violent, il avait des rapports masochistes avec un retraité et ne pratiquait pas l’islam, mais la justice et les médias n’ont eu aucun mal à parler de «terrorisme islamiste». Dans ce cas comme dans d’autres, l’éventuel trouble psychiatrique du tueur n’a pas été retenu. De même la femme qui a assassiné la petite Lola en octobre dernier, provoquant une indigne récupération par l’extrême droite, a été mise derrière les barreaux malgré des troubles psychiatriques avérés.

Revenons à l’attentat raciste du 23 décembre : la justice et ses experts organisent visiblement une mécanique de déresponsabilisation du tireur. Alors posons quelques questions : si le racisme est une maladie, pourquoi laisse-t-on la parole à Zemmour, Cnews et autres influenceurs d’extrême droite ?

Si demain, d’autres attaques racistes ont lieu, les responsables pourront-ils plaider la «folie» ?

Si les racistes sont «mentalement irresponsables», pourquoi ont-ils la parole dans tous les médias ? Cela ne semble pas permettre de les soigner.

À l’inverse, si le racisme est une opinion comme une autre, pourquoi déresponsabiliser un tueur qui dit avoir une «haine pathologique» des étrangers ?

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