Encore un attentat raciste qui ne dépassera pas les colonnes de la presse locale, et ne sera pas sujet d’une indignation nationale. Samedi 6 juillet, il est 17h30 à Wangenbourg Engenthal, un hameau situé dans le Bas-Rhin.
Une famille de six personnes, d’origine maghrébine et venant de Strasbourg fêtait l’anniversaire d’une fillette, et se dirigeait vers une cascade après un barbecue. «Nous ne savions pas où c’était et il n’y avait pas de réseau pour rentrer le lieu dans le GPS» explique une des victimes. Leur voiture s’arrête, le temps de chercher le chemin. Un individu de 60 ans sort alors de sa maison et tire sur le véhicule en hurlant «Sales bougnoules dégagez, retournez dans vos quartiers», et précise à la famille qu’il est «pour le RN». Un impact de munition a été constaté sur la carrosserie.
Le tireur raciste était jugé jeudi 11 juillet au tribunal de Saverne. La justice a décidé de qualifier cela en «violences aggravées sans ITT» plutôt qu’en tentative d’homicide. Le tireur prétend à la barre «J’ai entendu du bruit. J’ai chargé ma carabine j’ai tiré sur la voiture.» Le prévenu a été condamné à six mois de prison et a été interdit de port d’arme. Par le passé, il avait déjà été condamné pour des violences et des propos racistes à un «stage».
À la barre, l’une des victimes témoigne en larmes «quelle que soit notre religion, on n’a pas à nous tirer dessus. Maintenant, on a peur de rencontrer des gens comme lui. Ce qu’il a fait, ça restera toujours. Je ne le souhaite à personne».
Ces derniers jours, plus de 35 actes racistes et fascistes ont été répertoriés sur le territoire, plus d’un par jour. Les gros scores de l’extrême droite ont banalisé le passage à l’acte. Il y a eu des coups de feu aux cris de «mort aux arabes» dans le Gard, par un individu déjà condamné pour des faits de violences et de racisme. Il y a eu une série d’agressions racistes dans l’Herault par un commando roulant en 4X4. Il y a eu cet homme musulman tabassé sur le pas de sa porte aux cris de «sale bougnoule» dans l’Ain. Il y a eu l’exécution d’un algérien sans abris de 7 balles par un policier hors service, qui a ensuite photographié le cadavre. Il y a eu des militants RN armés de matraques semant la terreur devant une école, et ce chauffeur de bus percuté par un raciste hurlant «sale bougnoule» en région parisienne, ou encore des menaces racistes contre des journalistes, un ado maghrébin tabassé à Rouen aux cris de «gratteur d’alloc», et plusieurs lettres de menaces aux propos fascistes. Il y a eu, bien évidemment, ces dizaines de candidats RN ayant tenu des propos racistes, antisémites, homophobes, arborant des symboles nazis. Des locaux syndicaux ont été dévastés par des néo-nazis en Ariège.