Les médias publics visés par une purge idéologique
Celle qui partageait une publication pro-Trump sur les réseaux sociaux au moment de la proclamation des résultats électoraux aux USA n’est pas une élue du Rassemblement National, ni même une chroniqueuse sur Cnews. C’est Agnès Vahramian, la nouvelle directrice de France Info, sur son compte officiel. Ça se passe comme ça maintenant sur le service public : les dirigeants n’ont plus aucun complexe à afficher publiquement leur soutien à l’extrême droite. Bolloré n’a qu’à bien se tenir.
Agnès Vahramian, fervente catholique, a d’abord animé des émissions religieuses avant de devenir rédactrice en chef du journal télévisé de 20 heures sur France 2 pour David Pujadas. Déjà à l’époque, ce JT s’alignait sur celui de TF1 et des chaînes d’info en continu, sur une ligne de plus en plus à droite, anxiogène et hostile au mouvements sociaux, relayant sans recul critique les éléments de langage du pouvoir.
À l’époque, en interne, Agnès Vahramian est dénoncée pour son management violent. Des salariés se disent «terrorisés», humiliés et insultés, travaillant en «tension permanente», à tel point que la rédactrice en chef est évincée du JT. En 2021, elle est nommée correspondante permanente au Moyen-Orient pour France Télévisions. Avec une telle journaliste envoyée dans la région, le traitement exclusivement pro-israélien des médias français n’a rien d’étonnant.
En août 2024, Agnès Vahramian, qui n’a aucune expérience en radio, a été propulsée à la tête de France Info. Un ancien grand reporter chez France 2, Daniel Wolfromm, a rappelé lors de sa nomination à quel point elle était «odieuse, humiliante, cassante», à l’humeur toujours changeante. D’autres salariés ont dénoncé un climat de terreur, des crises de larmes, des comportements assimilables à du harcèlement moral alors qu’elle les dirigeait. Agnès Vahramian est payée par l’argent public. Elle n’a jamais été sanctionnée pour ses méthodes, elle a été promue.
Qui l’a nommée ? À la tête de Radio France dont fait partie France Info, on trouve Sibyle Veil, énarque et copine de promotion de Macron. C’est donc elle qui a offert une promotion à la trumpiste Vahramian, et qui a en parallèle a organisé une purge chez France Inter, licenciant notamment Guillaume Meurice qui avait eu le tort de blaguer sur les dirigeants israéliens. Encore une fois, un choix idéologique très clair, avec l’argent public.
Depuis plusieurs mois, France Info n’a plus grand chose à envier aux médias de Bolloré. Le 31 décembre 2023, le média public titre : «Les Israéliens se préparent à un réveillon morose». Le reportage commence par : «À Tel-Aviv, l’esprit n’est pas à la fête pour ce passage à l’année 2024». Sans une ligne pour la population de Gaza qui, elle, a passé le réveillon en subissant une opération génocidaire, assiégée sous un déluge de bombes.
France Info avait déjà titré le 14 décembre que 2023 était l’année où le nombre de journalistes tués était «au plus bas niveau» depuis 20 ans, un titre totalement mensonger, sans aucun travail d’enquête, alors que plus de 100 journalistes avaient été tués en Palestine par l’armée israélienne. Un record. France Info organisait alors la négation absolue de crimes répétés contre la presse.
Le 26 novembre 2023, France Info écrivait après une descente néo-nazie dans un quartier de Romans-sur-Isère, en représailles à la mort du jeune Thomas : «Un militant de 20 ans hospitalisé après avoir été agressé par des jeunes». D’entrée de jeu, l’information principale n’était pas que des néo-nazis aient attaqué un quartier pour frapper des noirs et des arabes, mais «l’agression» d’un des néo-nazis qualifié de simple «militant», par les habitants du quartier. Un angle journalistique clairement favorable aux attaquants d’extrême droite, qui inversait les responsabilités.
Enfin, sur France Info, on trouve aussi la compagne de Benjamin Duhamel, le présentateur star de BFM et fils de Patrice Duhamel, qui est dirigeant au sein de France Télévision, du Figaro, de France Inter, et président d’une école de journalisme. Agathe Lambret, la nouvelle animatrice vedette de France Info, a passé dix ans sur BFM, et adopte une ligne hyper-agressive contre les rares invités de gauche et complaisante avec le pouvoir.
Sur le même média, on trouve Salhia Brakhlia, qui fait passer des interrogatoires de type policier aux invités de gauche. Par exemple ce coup de pression au député Insoumis Manuel Bompard lors de la révolte après la mort de Nahel : «Mais pourquoi vous n’avez pas appelé au calme ?» «Manuel Bompard, (…) est-ce que vous avez encouragé les exactions par votre silence ?» et autres insinuations policières, plutôt que de parler du sujet, à savoir l’exécution d’un mineur par des policiers couverts par leur hiérarchie.
S’il faut dénoncer les médias privés des milliardaires, il faut aussi souligner que, même dans les médias publics, la caste au pouvoir a organisé une purge idéologique, au point d’y placer des éditorialistes réactionnaires et même, on le découvre à présent, une militante trumpiste et manageuse violente à la tête de France Info.
5 réflexions au sujet de « Agnès Vahramian : Une trumpiste à la tête de France Info »
Je postais souvent sur le forum france info (pseudo : « premierdecorvée »), jusqu’au jour ou je me suis fait carrément interdire de publication ; pas officiellement bien sur, mais du jour au lendemain, tout mes posts depuis un an, avaient disparus, sans explication, nada, que dalle.
Il faut dire que je m’en donnais à cœur joie sur des sujets qui fâchent, comme, par exemple, le génocide en cours à gaza et je récoltais souvent pas mal de « pouces ».
Nous étions quelques uns à avoir remarqué, depuis un certain temps que la modération s’était transformée en censure de plus en plus orientée, au point ou plus aucune critique ou analyse n’arrivait à être publiée : un lobby bien connu de nos services, officiait, comme partout dans ce pays en pesant de tout son poids, pour éteindre, invisibiliser les paroles et opinions différentes.
pourtant, il s’agit d’un service public, mais je ne vais pas enfoncer une porte que vous avez déjà ouverte ici.
Je voulais donner 10 euros en soutien et je tombe sur un site qui me demande mon nom etc.
C’est quoi ce délire ? Pour filer dix balles je dois me faire ficher ?
Bonjour, en effet on passe par HelloAsso parce que ça permet de payer par carte de façon sécurisée, mais si vous voulez filer un chèque ou un billet de 10 balles par la Poste vous pouvez nous écrire à contact@contre-attaque.net on peut s’arranger 😉
Enfin un media a le courage de décrire l’excrément appelé francinfaux ! Bravo. Et concernant cette bille d’agathe lambrele, ne pas oublier son interview de Clemence Guetté après le 7 octobre où elle lui balançait les fake sionistes des bb décapités, des femmes violées en série et lui demandait des comptes… Record de saloperie battu. Pourtant niveau saloperies je croyais la coupe pleine, pas du tout, et le truc continue, croit, embellit… La radi diarrhéique finit en eau, une eau dont elle s’almente et tente de nous refiler les miasmes et métastases.
Bonjour,
Agnès Vahramian n’a évidemment pas besoin de moi pour se défendre. Pourtant, l’acharnement dont elle est victime sur les réseaux sociaux m’attriste profondément.
J’ai été l’une des premières femmes reporter d’images à France 2, et j’ai eu la chance de travailler avec Agnès dans des conditions particulièrement difficiles, notamment en Afghanistan lors de la chute des talibans.
À mes débuts, jeune reporter tout juste débarquée de province, je cumulais trois handicaps aux yeux de certains collègues à France 2 : j’avais 40 ans, je venais de province, et j’étais une femme. À l’époque, aucune femme ne faisait ce métier. Strictement personne ne voulait travailler avec moi.
C’est Agnès, alors reporter au service étranger, qui a été la première à me tendre la main. Elle m’a fait confiance et m’a permis de partir avec elle en Afghanistan. Je connaissais très bien ce pays pour y avoir travaillé près de 20 ans comme photographe de presse, et je parlais suffisamment bien la langue. Mais cela n’aurait pas suffi sans son soutien. Agnès a su percevoir et comprendre la discrimination que je subissais. C’est grâce à elle, et à elle seule, que j’ai eu ma chance.
Sur le terrain, j’ai découvert une collègue exemplaire. Agnès respectait profondément chacun des membres de l’équipe, et toutes les décisions étaient toujours discutées collectivement. Intelligente, fine, et excellente reporter, je l’ai vue imposer des vérités difficiles à une rédaction parfois réticente, notamment lorsque ces vérités ne correspondaient pas aux attentes du 20H.
Je l’ai aussi vue prendre des risques incroyables. À Tora Bora, dans des grottes minées, elle a tenu à filmer seule pour m’éviter de me mettre en danger. Elle ne s’en est jamais vantée une fois de retour à Paris. Je l’ai vue déjouer des situations très périlleuses avec sang-froid, humour, et une maîtrise impressionnante : dans la zone tribale, face à un homme qui nous aurait volontiers violé, ou encore lorsque nous avons été arrêtées par un groupe de talibans armés, elle a fait preuve d’un courage rare.
Agnès est une femme de valeur, dotée d’un professionnalisme et d’une humanité exceptionnels. Elle l’a prouvé tout au long de sa carrière, dans les zones les plus hostiles du monde.
Je ne suis ni trumpiste, ni fervente catholique, ni de droite. Mais je ne peux rester silencieuse face au lynchage injuste qu’elle subit. Je demande simplement que l’on cesse de s’acharner sur une femme d’une telle valeur.
Diane Richard