Samedi 25 janvier 2025 dans les médias français : une goutte d’information s’est faufilée pendant un instant dans un océan de propagande. Mais ce bref moment de vérité a été censuré et sanctionné en un temps record. On vous résume cette affaire édifiante en quatre actes.

Premier acte : À 17h55, un bandeau apparaît à l’écran d’un reportage de France Info : «200 otages palestiniens retrouvent la liberté». Pour une fois, le choix des termes employés de vise pas à criminaliser ni a déshumaniser les palestiniens qui étaient enfermés en violation totale des règles de droit par l’État israélien. Les libérations en cours sont bien des échanges d’otages, de part et d’autre. Mais ce terme avait de quoi surprendre sur cette chaîne.
Deuxième acte : la horde de fanatiques pro-israéliens se déchaîne. À leur tête, la députée Caroline Yadan, porte-voix de Netanyahou en France, estime que ce bandeau est une «injure à l’humanité», qu’il est «abject et INACCEPTABLE» et réclame des sanctions contre France Info.
Pour vous donner un aperçu de l’état d’esprit de Caroline Yadan, elle avait appelé à dissoudre la France Insoumise, et estimait qu’un tag « Free Palestine » faisait «directement référence au slogan Palestine libre de la mer au Jourdain qui est le slogan du Hamas qui vise à éliminer l’État d’Israël et à exterminer tous les juifs».
Troisième acte : France Info s’exécute immédiatement et vire la personne qui a rédigé le bandeau. Le compte officiel de la chaîne publie : «À la suite d’une erreur inadmissible, un titre totalement inapproprié concernant la situation au Proche-Orient a été brièvement diffusé dans un de nos journaux. Le responsable a été suspendu. Nous présentons toutes nos excuses aux téléspectateurs». Une exclusion expéditive, sans motif sérieux, sur une base idéologique. On espère que ce salarié fera payer la chaîne aux Prud’hommes.
En tout cas, le service public prouve sa soumission totale aux réseaux d’influence sionistes. Jamais France Info n’a pris la moindre mesure contre la production industrielle de fake news des soutiens d’Israël. Le colonel israélien Rafowicz, menteur multirécidiviste, y est d’ailleurs toujours invité sans contradiction.
Quatrième acte : Muriel Attal, directrice de France Télévision répond à la députée Yadan, qui est visiblement une amie à elle : «On a immédiatement réagi Caroline. La direction de l’info et ftv ont été des lucky luke :)». Lucky Luke ? Le cowboy qui tire plus vite que son ombre. France Info flingue les voix divergentes plus vite que la lumière. Ce tweet est tellement scandaleux et révélateur d’une connivence tellement flagrante qu’il sera ensuite retiré par son autrice.
Cet épisode lamentable n’est pas isolé. France Info est une chaîne de propagande éhontée. L’argent public est utilisé pour tromper la population et diffuser au grand public les éléments de langage concoctés par l’amicale de Netayahou.
En novembre, la nouvelle directrice de France Info, Agnès Vahramian, partageait carrément une publication pro-Trump sur les réseaux sociaux avec son compte officiel, au moment de la proclamation des résultats électoraux aux USA. Auparavant, Vahramian avait travaillé chez France 2. Un ancien grand reporter de la chaîne avait rappelé à quel point elle était «odieuse, humiliante, cassante», à l’humeur toujours changeante. D’autres salariés ont dénoncé un climat de terreur, des crises de larmes, des comportements assimilables à du harcèlement moral alors qu’elle les dirigeait. Agnès Vahramian est payée par l’argent public. Elle n’a jamais été sanctionnée pour ses méthodes, elle a été promue.
À la tête de Radio France dont fait partie France Info, on trouve Sibyle Veil, énarque et copine de promotion de Macron. C’est elle qui a offert une promotion à la trumpiste Vahramian, et qui a en parallèle a organisé une purge chez France Inter, licenciant notamment Guillaume Meurice, qui avait eu le tort de blaguer sur les dirigeants israéliens. Encore une fois, ce sont des choix idéologiques financés par l’argent public. Dans le conseil d’administration de France Télévision, on trouve également Aurore Bergé, Macroniste de choc et elle aussi férocement pro-Israël. Elle avait même appelé à démanteler Amnesty International pour sa dénonciation du colonialisme.
Depuis plusieurs mois, France Info n’a plus grand chose à envier aux médias de Bolloré. Le 31 décembre 2023, le média titrait : «Les Israéliens se préparent à un réveillon morose». Le reportage commence par : «À Tel-Aviv, l’esprit n’est pas à la fête pour ce passage à l’année 2024». Sans une ligne pour la population de Gaza qui, elle, a passé le réveillon en subissant une opération génocidaire, assiégée sous un déluge de bombes.
France Info avait déjà titré le 14 décembre que 2023 était l’année où le nombre de journalistes tués était «au plus bas niveau» depuis 20 ans. Un titre totalement mensonger, sans aucun travail d’enquête, alors que plus de 100 journalistes avaient été tués en Palestine par l’armée israélienne. Un record. France Info organisait alors la négation absolue de crimes répétés contre la presse. Ces derniers jours, France Info fait tout pour nous apitoyer sur les militaires israéliennes libérées tout en diabolisant les détenus palestiniens.
Quant aux purges, elles touchent d’autres médias publics. Le 15 novembre 2023, à l’antenne de TV5 monde, le journaliste Mohamed Kaci avait posé poliment mais fermement quelques questions au colonnel Rafowicz à propos de l’hôpital Al-Shifa bombardé, «Est-ce que vous allez prendre en compte désormais l’urgence humanitaire dans l’enclave palestinienne ?». Le 20 novembre, TV5 Monde publiait un communiqué désavouant son propre journaliste. Le texte prétendait que les «règles journalistiques n’ont pas été respectées» et que «l’entretien ne s’est pas terminé selon les normes en vigueurs».
S’opposer à l’extrême droite est tout aussi mal vu. En Guadeloupe, le 8 décembre 2023, la journaliste Barbara Olivier-Zandronis recevait Jordan Bardella du Rassemblement National et lui donnait une interview sans concession. Elle le questionnait sur l’absence de son parti au Parlement Européen à propos du chlordécone, ou à propos de l’accueil indigne des exilés. Elle a été suspendue de l’antenne, ses chefs estimant qu’elle avait manqué de professionnalisme.
Enfin, les journalistes indépendants subissent une répression implacable. On se souvient de la journaliste Ariane Lavrilleux, perquisitionnée par la police anti-terroriste et placée en garde à vue puis poursuivie pour avoir enquêté sur le commerce d’armes de la France. Et avec elle, des dizaines de reporters indépendants ont subi la violence de la police et des arrestations ces dernières années.
On l’aura compris, dans les médias de masse, qu’ils soient publics ou privé, aucune tête ne doit dépasser. Il faut traiter la police, l’extrême droite et Israël avec une soumission totale, et diffamer en meute la gauche, les grèves et les anti-colonialiste. Sinon, c’est la porte.
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