Extrême droite : une menace qui n’existe pas ?


Désintox : les meurtres, attaques et projets d’attentat fascistes explosent en France



«On s’en fiche !» crie Marion Maréchal sur le plateau de France Info à propos des attaques «d’ultra-droite». C’est «une menace qui n’existe pas».


C’est un phénomène intéressant : Marion Maréchal n’a aucun mandat, n’est élue nulle part, et son parti néofasciste Reconquête a fait 7% aux élections. Il n’a aucun député. Pourtant, Marion Maréchal est invitée presque tous les jours dans les médias, y compris sur le service public. Après la bagarre meurtrière au bal de Crépol : Marion Maréchal invitée pour parler de «francocide». Une attaque nazie a lieu à Romans-sur-Isère : Marion Maréchal invitée dire que ce n’est pas grave. On parle des fichés S ? Les médias invitent Marion Maréchal qui propose des arrestations de masse extra-judiciaires. En fait, quel que soit le sujet, l’extrême droite est invitée à commenter l’actualité pendant que la gauche est injuriée et diffamée. Reste-t-il encore quelqu’un pour douter que les médias sont en campagne pour installer le fascisme en France ?

Revenons au sujet. Le 5 décembre, lors d’une de ses innombrables interventions médiatiques, Marion Maréchal déclare que l’extrême droite n’a jamais commis aucun «meurtre, attentat ou agression gratuite». Inviter une fasciste pour commenter la violence fasciste, c’est comme inviter le patron de Mc Donalds pour donner son avis sur la malbouffe. Et le pire, c’est que la journaliste ne réagit pas.

C’est pourtant un énorme mensonge. Mais les médias parlent tellement peu des violences d’extrême droite que, dans l’imaginaire collectif, celles-ci n’existent pas. En réalité, elles explosent. En voici quelques unes :

ASSASSINATS

  • 19 mars 2022 à Paris. Deux néo-nazis agressent un homme, non-blanc dans la rue. Un rugbyman argentin s’interpose : Federico Martín Aramburú. Il est tabassé. Son agresseur, Loïk Le Priol, ancien du GUD – groupuscule violent d’inspiration fasciste –, déjà poursuivi pour des actes de torture, exhibe un brassard de police. Puis il sort une arme à feu et exécute le rugbyman en pleine rue. Le tueur sera arrêté non pas par la police française, mais à la frontière ukrainienne. Chez son complice, les enquêteurs retrouvent un buste d’Hitler et plusieurs armes. Et au domicile de Loïk Le Priol, des effets siglés Police. Encore plus fou : un policier de la DRPJ (direction régionale de la police judiciaire) a passé une partie de la soirée avec eux juste avant le meurtre, alors que Le Priol était interdit de paraître à Paris.
    Les médias sont alors d’une discrétion absolue sur cette affaire d’État. Darmanin ne réagit pas. Il ne faudrait surtout pas gêner la campagne de Le Pen juste avant le premier tour.
  • 23 décembre 2022. Un homme armé ouvre le feu sur le centre culturel kurde situé dans le 10e arrondissement de Paris, puis sur un restaurant kurde et un salon de coiffure. 3 morts et 5 blessés. Le tueur était connu des autorités : il avait été interpellé en décembre 2021 après avoir attaqué un campement d’exilés à Paris. Armé d’un sabre, il avait lacéré des tentes en pleine nuit avant de planter deux soudanais. Ce raciste, venu pour tuer, avait vite été relâché et avait donc accès à des armes à feu.
  • 14 juin 2022 à Paris, lors d’une altercation, un automobiliste sort de son véhicule muni d’un revolver, un Colt45. Il tire sur un individu, lui logeant une balle au milieu du front. Le tueur est Martial Lanoir, un militant d’extrême droite violemment complotiste et antisémite, qui avait été invité précédemment sur le plateau de Cyril Hanouna.
  • 6 juin 2013 : Clément Méric, jeune militant antifasciste est violemment frappé par un néo-nazi et meurt sur le coup. Les médias transforment les faits, donnent la parole aux complices du tueur, prétendent que le jeune défunt aurait provoqué la bagarre. L’enquête et le procès prouve que tout est faux : la bande de néo-nazis portant des vêtements racistes était armée et préparée à tuer. Mais cette vérité, révélée des années après, n’a été entendue par personne.
  • Si l’on remonte, de nombreux autres cas ont eu lieu, notamment Brahim Bouarram, assassiné le 1er mai 1995 par des militants du Front National à Paris, ou Ibrahim Ali la même année par des colleurs du même parti à Marseille. Entre autres.

TENTATIVES DE MEURTRE

  • 29 novembre 2023, un jeune facteur intérimaire d’origine Maghrébine se faisait agresser lors de sa tournée à Romans-sur-Isère par une demi-douzaine de néo-nazis. La victime est insultée, frappée, avant d’être menacée au couteau.
  • 25 novembre 2023 : 80 néo-nazis organisent un raid dans le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, aux cris de «Islam hors d’Europe», «la France nous appartient» ou encore la devise prisée des néofascistes «Europe, jeunesse, révolution». Ils sont armés. Repoussés par des habitants, ils avaient l’intention de tabasser voire de tuer des arabes, comme en témoignent les échanges retrouvés dans leurs téléphones.
  • 17 novembre 2023, un retraité d’extrême droite attaque un jardinier franco-algérien dans le Val-de-Marne. L’homme profère des insultes racistes avant de planter un coup de cutter dans la gorge de Mourad, causant une plaie très profonde au cou. Si la victime n’avait pas eu le réflexe d’esquiver le cutter, sa jugulaire aurait été tranchée, il serait mort en quelques instants. Le vieux raciste est relâché peu après, et le mobile raciste n’est même pas retenu, malgré des preuves vidéos.
  • 21 juillet 2023, à Rochesson, dans les Vosges. La maison où vit un membre de la France Insoumise est incendiée, après des années d’intimidations de la part de l’extrême-droite. La victime retrouvait notamment des pieds de porc déposés sur son palier, sa voiture vandalisée, des pneus crevés… Il avait déposé plusieurs mains courantes, «mais la police refuse de prendre sa plainte». S’il ne s’était pas réveillé à temps, il mourait brûlé vif.
  • 22 mars 2023 : des néo-nazis tentent de brûler vif Yannick Morez, le maire de Saint-Brévin, en incendiant sa maison en pleine nuit. Menacé depuis des mois par l’extrême droite, le maire avait alerté les autorités pour être protégé, en vain. Quelques semaines après l’incendie, les mêmes réseaux néo-nazis sont autorisés à manifester devant la mairie de Saint-Brévin, sous protection policière. Le 10 mai, épuisé, le maire annonce sa démission et son déménagement de la commune.
  • 26 décembre 2022, à Évry. Un homme de 61 ans ouvre le feu sur une jeune fille maghrébine de 13 ans qui rentrait chez elle. Le tireur, connu de la police pour son racisme maladif, dit s’être inspiré de l’attaque terroriste sur le centre culturel kurde commis précédemment.
  • 9 décembre 2022, un retraité raciste abat son voisin, Mahamadou Cissé, d’une balle de fusil à Charleville-Mézières. Le Procureur en personne qualifie ce crime raciste de «meurtre par exaspération» et le tueur est remis en liberté. L’accusé, un ancien militaire, était membre des commandos marines et avait participé à la Guerre d’Algérie.
  • 3 septembre 2022 : un lieu de culte musulman située à Rambouillet est entièrement détruit par le feu.
  • 9 juin 2022 à Lyon : un cadre identitaire lyonnais est arrêté après avoir poignardé deux personnes et s’être rebellé contre les policiers.
  • Octobre 2019 : un individu armé attaque une mosquée à Bayonne. Lors de son attentat, il blesse gravement deux musulmans et tente d’incendier le lieu de culte. Il était candidat sur une liste Front National.
  • De nombreux autres cas sont recensés, comme l’attaque armée d’une soirée pour la Palestine à Lyon le 11 novembre, les descentes nazies lors de la coupe du Monde en décembre 2022, visant à tuer des supporters marocains et ayant causés dans certaines villes de très graves blessures…

TERRORISME

Selon l’ONU, le «terrorisme d’extrême droite» a augmenté de 320% dans le monde depuis 2016. Et la France est le premier pays en Europe, avec 29 arrestations en 2021.

  • 17 novembre 2023 : un coup de filet au sein de groupes d’extrême droite a eu lieu dans le Sud de la France, en Bretagne et dans les Deux-Sèvres. L’intervention permet de retrouver «plus d’une centaine d’armes ou de munitions». Parmi les individus arrêtés, un «fan du Ku Klux Klan», un militaire en exercice et un policier des Renseignements Territoriaux à la retraite.
  • 2018 : une cellule nazie baptisé Waffencraft est démantelée. Le groupe, dirigé par un gendarme, se revendique du «White jihad» et d’un «nationalisme plus violent que celui d’Hitler». Il prévoyait très sérieusement d’assassiner Mélenchon, le rappeur Médine et des responsables juifs.
  • Juin 2018 : un groupe structuré baptisé «Action des Forces Opérationnelle» est démantelé alors qu’il prévoyait l’assassinat d’imams, l’empoisonnement de viande hallal dans les supermarchés, des attaques contre des femmes voilées… Tous ses membres étaient armés.
  • Juin 2017 : un groupe néo-nazi armé démantelé dans les Bouches-du-Rhône. Le chef avait un fusil à pompe chez lui, admirait le terroriste Anders Breivik et montait une équipe pour passer à l’acte.
  • 2016 : une cargaison d’armes est interceptée par la police au sein de l’extrême droite dans les Bouches-du-Rhône : «onze armes d’épaule, 2 revolvers gomme-cogne, 28 armes blanches, des gilets pare-balles, des casques lourds, plusieurs drapeaux et objets nazis ont notamment été découverts».
  • Avant l’Euro 2016 en France, un militant néo-nazi français est attrapé à la frontière polonaise avec des Kalashnikovs, un lance-roquette, des roquettes et 125 kilos d’explosifs.
  • En 2015, le néo-nazi lillois Claude Hermant, indicateur de police, fournit les armes qui serviront aux attentats terroristes du 13 novembre. L’affaire est restée relativement peu traitée dans les médias.
  • En Syrie, le cimentier Lafarge a financé Daesh. L’enquête révèle qu’un membre du Front National a supervisé la collaboration avec le groupe terroriste.

Dans ce recensement, nous n’avons pas pris en compte les crimes policiers qui peuvent être compris dans les violences d’extrême droite, puisque la police vote très majoritairement Le Pen, et compte des néo-nazis dans ses rangs.

Ces évènements ne sont qu’un minuscule aperçu des agressions et du stockage d’armes des groupes d’extrême droite en France. Ils ne s’en cachent même pas, les influenceurs fascistes se mettent en scène en train de s’entraîner au tir dans des vidéos Youtube vues des centaines de milliers de fois, des groupes de combat appellent à s’armer… Et tout cela dans l’indifférence de la classe politique.

Ce qui permet à Marion Maréchal d’affirmer dans les médias qu’il y a “zéro” violence d’extrême droite en France, sans la moindre contradiction.

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